A propos de la limitation de vitesse

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On commente beaucoup en ce moment la volonté du gouvernement français de réduire la vitesse sur le réseau secondaire de 90 à 80 km/h. Voici quelques éléments de réflexion :

En choc frontal, lors d’accidents réels, le taux de mortalité pour des occupants ceinturés évolue très rapidement pour atteindre 100% à 85-90 km/h, alors qu’en-dessous de 50 km/h, pour des ceinturés, le taux est extrêmement faible.

La courbe ci-dessous illustre ce taux de mortalité en fonction de la vitesse (en km/h) équivalente au mur de choc (EES ou « Equivalent Energy Speed ») pour des chocs frontaux.

Sans entrer dans des détails trop techniques, le choc contre un mur à une vitesse V est équivalent au choc frontal de deux véhicules de même masse à la même vitesse V. En effet, l’énergie se répartit alors de façon égale dans chacun des véhicules, alors que le mur refuse obstinément d’en prendre une part.

Ces chiffres sont tout à fait impressionnants, même si tous les accidents ne sont pas de ce type. On pourrait en déduire, pour les chocs frontaux :

  • qu’en rĂ©duisant la vitesse d’impact de 90 km/h Ă  80 km/h, le risque de mortalitĂ© diminuerait de 44%. Certains experts parlent mĂŞme de 70% si la limitation de vitesse passe de 90 Ă  80 km/h et qu’elle est respectĂ©e), car ils prennent en compte d’autres paramètres :  par exemple, la vitesse d’impact est infĂ©rieure Ă  la vitesse initiale, puisque les conducteurs rĂ©agissent, et ce d’autant plus efficacement que leur vitesse initiale est faible.
  • que, si tout le monde roulait Ă  une vitesse maximale de 50 km/h, il n’y aurait plus aucun tuĂ© (Ă  part bien sĂ»r si la voiture rencontre un poids lourd, le rapport de masse Ă©tant alors très dĂ©favorable). Mais quelle galère sur la route !

Ce rĂ©sultat thĂ©orique est Ă  pondĂ©rer par le fait qu’en choc latĂ©ral par exemple, la mortalitĂ© ne baisserait pas autant car la protection est moindre.

Cette rĂ©fĂ©rence, bien qu’elle date de 2006, est Ă©galement intĂ©ressante :

On peut maintenant tenter de confronter ces donnĂ©es avec les statistiques en provenance de Suède :  …  Bon, si vous n’avez pas tout compris, voici le tableau avec les titres en français :

Là-bas, depuis 2010, la vitesse a été abaissée de 90 à 80 km/h sur les routes, de 70 à 60 km/h aux abords des villes, à 30 km/h dans les centres villes. Sur autoroute la vitesse maximum est de 110 km/h.

Voici la courbe d’évolution du nombre de victimes, rapportée au parc automobile pour tenir compte de son augmentation et en prenant pour référence l’année 2008 :

Les fluctuations de ces courbes, notamment en 2010 et 2011 (chute, puis remontée) sont difficiles à interpréter (y aurait-il eu par exemple un grave accident d’autocar en 2011 ?)

Globalement, on constate bien une baisse significative, mais l’évolution générale met-elle vraiment en évidence un changement depuis la mise en place des nouvelles mesures ?

A vous d’en juger, sachant qu’il faudrait aussi prendre en compte par exemple :

  • l’amĂ©lioration de la sĂ©curitĂ© des vĂ©hicules eux-mĂŞmes (3% des voitures peu sĂ»res partent Ă  la casse chaque annĂ©e et sont remplacĂ©es par des voitures neuves bien plus rĂ©sistantes),
  • les amĂ©nagements routiers (par exemple les glissières de sĂ©curitĂ© etc.)

5 comments

  1. Sur ce projet de loi, une commission de sénateurs propose une réduction au cas par cas gérée par les départements :
    Le but serait d’adapter la sélection des routes « aux réalités des territoires ». « Plutôt que de réduire la vitesse de manière brutale et uniforme sur l’ensemble du territoire, nous proposons que le président de chaque conseil départemental, en lien avec le préfet, répertorie les routes accidentogènes et instaure un abaissement de la vitesse en conséquence », note Philippe Bas (LR), président de la commission des lois.
    https://www.leparisien.fr/societe/routes-a-80-km-h-des-senateurs-proposent-que-les-departements-decident-au-cas-par-cas-19-04-2018-7672596.php
    Pas idiot Ă  mon sens car bien plus proche des rĂ©alitĂ©s du terrain… mais cela reprĂ©sente le risque de dĂ©cisions politiques plutĂ´t que dans l’intĂ©rĂŞt de la sĂ©curitĂ© routière

  2. Le seul danger est la vitesse, pas le smartphone au volant,ni l’alcool, ni la drogue non juste la vitesse.
    La vitesse sur les routes a baissĂ©e rĂ©gulièrement sur nos routes depuis 60 ans avec le contrĂ´le technique, il n’y a plus de poubelles roulantes sur les routes, les avancĂ©es technologique de sĂ©curitĂ© passive et actives sur les vĂ©hicules n’ont cessĂ©es de s’amĂ©liorer depuis 30 ans, Mais il n’y a que la vitesse qui tue, le rĂ©seau routier pourri non, l’alcool non plus ainsi que la drogue au volant, j’oubliais le petit nouveau le « smartphone ». Il est vrai que mettre du « bleu » sur les routes, ça coĂ»te cher pour faire des contrĂ´le, rĂ©nover et amĂ©liorer les infrastructures routière aussi, il n’y a pas bien loin Ă  aller pour voir l’Ă©tat de routes secondaires. C’est tellement plus simple de s’attaquer Ă  la vitesse « excessive' » sur nos routes. Pour info la vitesse moyenne des automobilistes Français est de « 82 Km/h ». Cldt Cabit didier.

    1. C’est exact, mais le vrai problème est plutôt de savoir si c’est efficace ou non.
      Si l’on faisait un sondage pour savoir s’il faut maintenir l’impôt, on aurait peut-être une majorité de « non »

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