Les retraites

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Les régimes de retraite et leur
pĂ©rennitĂ© sont un sujet qui est en permanence Ă  l’ordre du jour et qui inquiĂšte
aussi bien les retraités, qui craignent pour le montant de leur pension et les
actifs, surtout les jeunes, qui ont peur quant Ă  eux de ne jamais toucher
de  retraite.

Nous vous proposons une petite discussion en trois temps pour aborder ce sujet. Ce premier volet est une présentation générale facile à suivre ; les deux suivants seront un peu plus ardus.

Les deux principaux systĂšmes de retraite

Il y a essentiellement deux systĂšmes : le systĂšme par rĂ©partition et le systĂšme par capitalisation ; c’est trĂšs simple au niveau des principes, bien que ce le soit beaucoup moins quand on entre dans les dĂ©tails.

Le systĂšme par rĂ©partition est fondĂ© sur la solidaritĂ© entre gĂ©nĂ©rations : les actifs cotisent pour les retraitĂ©s. Il est assimilable au dĂ©bit d’une riviĂšre : un flux arrive en amont (les cotisations des actifs) et il est distribuĂ© en aval (les pensions de retraite) ; entre les deux, il y a des retenues pour lisser les fluctuations (malheureusement, il n’y a guĂšre de crues et nous verrons plus loin qui peut aider Ă  remplir le rĂ©servoir). Les cotisations patronales peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme un salaire indirect des actifs. Les rĂ©serves, quand elles existent, ne sont nĂ©anmoins pas inactives et sont placĂ©es, ce qui les rend aussi dĂ©pendantes de la rĂ©munĂ©ration du capital. Tous les rĂ©gimes obligatoires en France sont aujourd’hui fondĂ©s sur ce principe.

Le systĂšme par capitalisation a un caractĂšre individuel : un
actif cotise pour se constituer un capital qu’il utilisera à l’heure de la
retraite. Bien sûr, il passe par un organisme financier qui regroupe les
cotisations de nombreux actifs. Au moment de la liquidation, le retraité dispose
soit d’un capital qui diminuera au fil du temps, soit d’une rente viagùre
calculĂ©e par l’organisme financier en fonction de l’espĂ©rance de vie Ă  la
retraite.

Les questions qui se posent

Aujourd’hui, les mĂ©dias annoncent souvent que les rĂ©gimes de rĂ©partition sont appelĂ©s Ă  faire faillite, que les jeunes actifs actuels ne pourront plus toucher de retraite et qu’en consĂ©quence, il leur faut impĂ©rativement souscrire un rĂ©gime complĂ©mentaire par capitalisation. Bien entendu, banques et
assurances abondent dans ce sens.

Un rĂ©gime par capitalisation peut nĂ©anmoins faire faillite : c’est le cas si l’organisme qui gĂšre les fonds fait lui-mĂȘme faillite ; cela est dĂ©jĂ  arrivĂ© aux Etats-Unis. Dans ce cas, il n’y a plus de retraite du tout malgrĂ© les cotisations. Bien sĂ»r, le systĂšme peut ĂȘtre amĂ©liorĂ© pour rĂ©duire ce risque.

En revanche, le terme de « faillite Â» est Ă©videmment abusif pour un rĂ©gime par rĂ©partition : au pire, quand il n’y a plus de rĂ©serves, il faut Ă©quilibrer le flux en jouant sur le montant des cotisations et/ou celui des pensions ; l’ñge de la retraite agit aussi sur cet Ă©quilibre (il augmente en thĂ©orie le nombre de cotisants et diminue celui des retraitĂ©s).

Sinon, il faut que quelqu’un d’extĂ©rieur vienne remplir le rĂ©servoir :

  • Les banques, par l’endettement,
  • l’Etat, par des abondements, donc via l’impĂŽt,
  • ou les employeurs, par un apport supplĂ©mentaire.

Le problĂšme est juste de savoir jusqu’oĂč les actifs peuvent accepter de cotiser pour les retraitĂ©s, les retraitĂ©s de voir diminuer leur pouvoir d’achat et les entreprises d’augmenter leurs coĂ»ts tout en restant compĂ©titives sur le marchĂ©.

Dans un rĂ©gime mixte, la cotisation globale des actifs serait la somme de celle (CR) affectĂ©e Ă  la rĂ©partition et de celle (CC) affectĂ©e Ă  la capitalisation. Nous nous sommes demandĂ© pourquoi il serait « insupportable Â» pour les nouvelles gĂ©nĂ©rations de cotiser la mĂȘme somme CR + CC dans un rĂ©gime par rĂ©partition et quelles en seraient les consĂ©quences.

La rĂ©ponse est sans doute que si un actif constate qu’il peut avoir une meilleure retraite avec la mĂȘme cotisation dans un rĂ©gime plutĂŽt qu’un autre, c’est pour celui-ci qu’il opterait s‘il avait le choix. Bien sĂ»r, ce raisonnement abandonne toute l’éthique de solidaritĂ© du systĂšme par rĂ©partition au profit du bien-ĂȘtre personnel attendu ; il nĂ©glige aussi la part de risque sur la valeur finale du capital.

Nos conclusions

Comment, sur le plan financier, comparer les deux systÚmes ? (Plus de détails ICI)

Le COR (ComitĂ© d’Orientation des Retraites) utilise le Taux de Rendement Interne (TRI) qui est le taux d’intĂ©rĂȘt moyen auquel auraient dĂ» ĂȘtre placĂ©es les cotisations pour obtenir une rente Ă©quivalente Ă  la pension :

  • Pour les gĂ©nĂ©rations des annĂ©es 1950, ce taux se situe au voisinage de 3%
  • Pour ceux des annĂ©es 1990, autour de 2%

Une autre approche consiste Ă  analyser combien d’actifs cotisent pour un retraité :

  • En 2018, il y a 1,7 actifs pour un retraitĂ©
  • A l’horizon 2050, les prĂ©visions sont diverses :
    • Selon le COR, on aurait 1,4 actifs pour un retraitĂ©, ce qui rend le rĂ©gime par rĂ©partition encore viable
    • Selon certaines banques (intĂ©ressĂ©es ?), on pourrait descendre Ă  0,8 actif pour un retraitĂ©, ce qui rendrait le systĂšme par capitalisation (qu’elles prĂ©conisent) bien plus attractif

Evolutions et perspectives des retraites en France  (Plus de détails ICI Partie 1)

Toujours selon le rapport du COR, si l’on veut Ă©quilibrer le rĂ©gime jusqu’à l’horizon 2050 :

  • les cotisations seront plus Ă©levĂ©es
  • La pension Ă  la liquidation sera plus faible, car, mĂȘme si elle augmente, ce sera moins rapidement que les salaires. Le niveau de vie moyen des retraitĂ©s sera donc en diminution par rapport Ă  celui des actifs.
  • Les durĂ©es de carriĂšre seront un peu plus longues, mais cela sans prendre en compte le temps de travail
  • Les durĂ©es de retraite augmenteront pour les gĂ©nĂ©rations aprĂšs 1970.

La réforme envisagée (Plus de détails ICI Partie 2)

L’ambition du pouvoir actuel est de fusionner les multiples rĂ©gimes existants.

En effet, mĂȘme si le principe de rĂ©partition est universel en France pour les rĂ©gimes obligatoires, il y a des diffĂ©rences selon que l’on travaille pour le secteur privĂ© ou dans la fonction publique, que l’on soit salariĂ© ou indĂ©pendant ; sans compter les divers rĂ©gimes spĂ©ciaux (marins, clercs, SNCF, RATP, ComĂ©die française, Banque de France
). En tout, le pays compte plus d’une quarantaine de rĂ©gimes, rĂ©partis entre rĂ©gimes de base et rĂ©gimes complĂ©mentaires.

La solution qui se dessine serait toujours fondée sur un systÚme de répartition obligatoire, avec un régime par points généralisé, mais qui pourrait différer du systÚme actuel des retraites complémentaires AGIRC et ARCCO et peut poser quelques problÚmes qui devront trouver des solutions équitables.

 

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