La décarbonatation

Posted by
Print Friendly, PDF & Email

On nous parle beaucoup en ce moment de « décarbonatation » de l’eau puisque nous en bénéficions, du moins certains, depuis le 1er juillet 2018. Voici donc quelques éléments d’information à ce sujet.

Tout d’abord, Le supplément que nous allons payer n’est pas dû à la taxe carbone 🙂 , car ce n’est pas ce dernier qui est en cause, mais le calcaire, composé carboné du calcium.

La dureté de l’eau

Le calcaire a pour nom scientifique « Carbonate de Calcium », Ca CO3 de son petit nom ou même Ca2+ CO32- quand il se retrouve dissous dans l’eau. Le carbonate de Magnésium participe également à ce que l’on appelle la « dureté de l’eau ». Elle s’exprime en degrés hydrotimétriques (°F)  avec un  F pour « Français » et non pas pour « Fahrenheit ».
1°F équivaut à 10 mg de carbonate de calcium, soit 4 mg de calcium, sous forme d’ions  Ca2+  , par litre d’eau.

Voici l’échelle des duretés de l’eau :

    • Valeur comprise entre 0 et 10°F = eau très douce
    • Valeur comprise entre 10 et 20°F = eau douce
    • Valeur comprise entre 20 et 30°F = eau moyennement dure
    • Valeur comprise entre 30 et 40°F = eau dure
  • Valeur supérieure à 40°F = eau très dure

Il n’existe pas de limite supérieure du degré hydrotimétrique dans la législation française, ni de valeur guide. Néanmoins le Ministère de la Santé qualifie d’idéal un degré hydrotimétrique compris entre 15°F et 25°F. L’eau dure n’a pas d’effets nocifs sur la santé, mais la formation de calcaire peut engendrer des désagréments matériels (entartrage des canalisations notamment).

La limite inférieure du degré hydrotimétrique pour les eaux destinées à la consommation humaine est fixée à 15°F. Une eau trop douce peut présenter des inconvénients pour la santé suite à la dissolution de métaux des canalisations tels que le fer ou le plomb, qui seront alors ingérés par notre organisme. Ces eaux présentent également un risque de corrosion pour les canalisations (absence de formation de la couche carbonatée de protection).

A Aulnay, l’eau est (ou était jusqu’à présent) très dure, près de 40°F.

Adoucissement vs. décarbonatation

Un adoucisseur est en fait ce que l’on appelle un « échangeur d’ions » : il remplace en effet les ions Calcium Ca2+ et Magnésium Mg2+par des ions Sodium Na+ lors du passage de l’eau sur une résine échangeuse d’ions.
C’est la raison pour laquelle cette résine doit être régénérée en ions Sodium Nagrâce à du sel (chlorure de sodium Na+ Cl). Les résidus de sels de calcium et de magnésium sont rejetés à l’égout.
Pour régler la dureté de l’eau, on agit sur une vanne « by-pass » qui mélange de l’eau adoucie et de l’eau non traitée.

La décarbonatation consiste quant à elle à enlever les carbonates ; il y a plusieurs procédés pour cela (voir en fin d’article). L’usine de Suez à Flins/Aubergenville a choisi de déployer une technologie de réacteur catalytique reposant sur la précipitation du calcaire en excès par élévation du pH de l’eau via un réactif alcalin ( de la soude semble-t-il ).

 

Après la réaction, le calcaire en excès est fixé sur de petites billes de 1 à 2 mm de diamètre, lesquelles pourront être valorisées. 3 800 tonnes de billes de carbonate de calcium seront valorisées chaque année sous forme de remblai.

Avec la décarbonatation, la dureté de l’eau à Aulnay devrait diminuer de moitié, passant de 36°F à 18°F.

 

En pratique

Avec l’eau décarbonatée, les adoucisseurs devraient devenir inutiles. Néanmoins, si l’on souhaite baisser encore un peu la dureté de l’eau, il conviendra de modifier les réglages ; cela permettra de diminuer la consommation de sel et de ne pas se retrouver avec une eau trop douce agressive. Si les adoucisseurs les plus récents s’adaptent sans doute d’eux-mêmes (ils mesurent la dureté de l’eau), la plupart devront être réglés en jouant sur la vanne by-pass et sur la minuterie qui déclenche la régénération.

On peut mesurer soi-même le titre hydrotimétrique à l’aide de réactifs liquides ou de bandelettes. Si ces dernières donnent un résultat en ppm, il suffit de diviser par 10 : 150 ppm = 15° F.

GPS&O nous promet que le surcoût sera compensé, et même au-delà, par les économies réalisées sur la maintenance ou le remplacement des équipements, la consommation d’énergie ou encore l’achat de produits ménagers pour l’entretien… mais les chiffres varient :

    • sur le site de GPS&O, dans un article daté du 1er juillet 2018,  le surcoût pour une famille consommant 120 m3 d’eau par an est évalué à 30 €, et l’économie globale à 120 €.
  • Dans la lettre que nous avons reçue de M. Tautou, datée du 4 juillet, le surcoût est maintenant annoncé à 64 € dans les mêmes conditions, ce qui ramènerait donc l’économie théorique à 86 €.

Pour en savoir plus

Tout d’abord,  le site de GPS&O  déjà cité plus haut.

Quant aux différents procédés, en voici quelques uns, détaillés dans la brochure jointe ci-dessous :

  • la décarbonatation en décanteur à recirculation de boues,
  • la décarbonatation catalytique en réacteur fluidisé (le choix de GPS&O),
  • la décarbonatation électrique,
  • l’adoucissement par résines échangeuses d’ions (principe de l’adoucisseur ménager).

Cliquez sur les flèches en haut et à gauche pour faire défiler les pages

eau-service-Le-calcaire-Les-cahiers-vers-une-solution-de-décarbonatation-collective-p.-2-Le-calcaire-_-une-fatalité_-la-situation-et-les-enjeux-PDF_Optimized

A voir également, avec encore plus de détails techniques, ce document

3 comments

  1. Aujourd’hui 28 juillet 2018, je viens de mesurer la dureté de l’eau chez moi : elle est de 18°F.
    Elle semble donc bien adoucie ; en revanche, pas d’effet spécifique (mousse abondante, difficulté à rincer…)

  2. trés bon article qui nous permet nous apporte des éclaircissements sur l’évolution à Aulnay.
    Je reste pour ma part dubitatif sur le principe de décarbonisation utilisé. on utilise des agents dangereux pour produire une eau plus » saine ».

  3. Aulnay a prévu une visite de L’usine de Suez à Flins/Aubergenville 2019 ? (ou déjà fait?)
    Merci pour cet article intéressant.
    Par curiosité, j’ai cherché sur internet des articles un peu critiques ou plus précis sur cette usine = rien trouvé a ce jour. à suivre..
    jaq78

    (Pour tel conseillers Suez du lundi au vendredi 9h12h et 14h17h au 01 80 77 19 03)
    par exemple pour leur poser des questions sur : « ..précipitation du calcaire en excès par élévation du pH de l’eau via un réactif alcalin.. » (=soude ?) = Que devient la soude ? traces dans l’eau ? Et quid des traces d’Arsenic et autres Roundup et œstrogènes, etc ?

    >>Y a un autre coincoin (Le canard de l’Etang) : http://www.lecanarddeletang.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=1234:2018-04-11-13-01-48&catid=134:infos-pratiques&Itemid=266

    >>http://www.services.eaufrance.fr/donnees/commune/78033
    4,4€/m3 en 2016

    >>http://www.services.eaufrance.fr/donnees/commune/78033/2015/indicateurs#eau-potable
    (apparemment ils ont 4 ans de retard pour les chiffres!!! 2016à2018=indisponible)

    >>Qualité eau Aulnay 2017 = https://www.sante-iledefrance.fr/eau/dep78/q78_17/aulnay.pdf

    Atrazine déséthyl déisopropyl encore présent dans le sol/eau (interdit depuis 2003 UE )
    (Atrazine = sa durée vie vie dans sol=200j max, donc comme traces présentes Aulnay 2017 = toujours utilisé malgré interdiction UE ?? Oups! j’espère me tromper (demanderais à info suez)

    Et pour l’Arsenic (du Roundup) = ??? circulez !
    Pour la teneur en œstrogènes et autres molécules pas top = pas testée non plus par l’Agence Régionale de Santé (ARS) et/ou celles de l’exploitant. analyses trop chers ou résultats trop ‘incorrects’ ?

    N’oublions pas que même en buvant de l’eau de source (bonne) (sont sujettes aussi à analyses simplifiées), on ‘absorbe’ aussi l’eau de la douche par la peau, eau de cuisson, eau dans boissons/vin, et ces analyses ‘complètes’ ne sont pas accessible facilement ou pas du tout.

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.